La biotélémétrie (i.e., le suivi et l'enregistrement à distance des données de mouvements d'un animal doté d'une marque émettrice) est un des supports privilégiés en écologie comportementale et dynamique des populations pour des études à fine et/ou large échelles sur les déplacements et patrons de migration des espèces et sur leur utilisation spatio-temporelle des habitats (domaine vital, preferendum d'habitat, repositionnement post modification environnementale, etc.). Du fait d'un cycle vital complexe alternant obligatoirement phase d'eau douce et phase marine, les espèces de poissons migrateurs amphihalins sont particulièrement exposées aux changements globaux (pêche, fragmentation des milieux, contamination, changement climatique), et leurs populations sont, pour la plupart, en net déclin depuis les cinquante dernières années. Dans nos recherches, qui visent ainsi à étudier les domaines de viabilité et les réponses des populations de poissons migrateurs amphihalins sous contraintes des pressions anthropiques, la biotélémétrie aquatique est largement utilisée pour le monitoring des déplacements et migrations des espèces (e.g., saumon atlantique, alose, anguille européenne, esturgeon européen...) dans leurs différents milieux, aussi bien en zones côtières ou estuariennes (télémétrie acoustique) qu'en milieu continental (radio VHF, acoustique, radiofréquence RFID BF), à des fins de surveillance, de restauration et de gestion des espèces menacées, de leurs habitats et de leur exploitation. Les différentes technologies et méthodologies pratiquées en matière de biotélémétrie aquatique seront présentées au travers de quelques cas d'étude, avec un focus plus particulier porté sur la problématique de continuité écologique et l'évaluation par des suivis télémétriques adaptés des impacts directs et indirects sur les migrateurs des ruptures de connectivité longitudinale liées à la présence d'obstacles sur les cours d'eau.