La présente étude constitue le quatrième volet d'un suivi par radiopistage de saumons atlantiques (Salmo salar, L.) au cours de leur remontée sur la Garonne, en amont de Golfech. A ce premier objectif d'étude développé depuis 2002 sur le devenir des saumons entre Golfech et Toulouse, secteur d'une centaine de kilomètres au niveau duquel se produisent de nombreuses pertes, mais aussi plus en amont, jusqu'à la limite de leur aire de répartition, s'est ajouté comme principal objectif en 2005 d'appréhender dans quelle mesure les difficultés de progression rencontrées, cette fois-ci en aval de Golfech, pouvaient influer sur le devenir des saumons entre Golfech et Toulouse. Cette nouvelle démarche devrait permettre d'aboutir à une meilleure connaissance des problèmes migratoires rencontrés par les saumons sur la quasi-totalité de la Garonne en amont de la limite d'influence des marées. En raison de conditions hydro-climatiques particulières (fortes températures, supérieures à 24°C dès fin juin, associées à de faibles débits) qui ont constitué à l'évidence des conditions peu favorables à la migration, seuls 45 saumons au total ont été contrôlés à Golfech en 2005 (dont 33 de piégés). Le suivi du comportement migratoire du saumon, réalisé grâce à la technique de radiopistage, a donc porté sur un nombre restreint de poissons (23 saumons de printemps et 1 castillon) qui ont été piégés et marqués à la centrale de Golfech puis suivis de mars à septembre. Afin de répondre aux différents objectifs de l'étude, ces 24 poissons ont été relâchés en des lieux différents. Un peu plus d'une dizaine d'entre eux ont été redescendus à 7 ou 27 km en aval de Golfech, afin d'évaluer la franchissabilité et les retards à la migration occasionnés par le seuil de Beauregard à Agen et par l'aménagement hydroélectrique de Golfech-Malause, premier grand obstacle sur la Garonne. Des lâchers de saumons radiomarqués ont également été effectués à une quinzaine de kilomètres en aval de Toulouse, ce qui a permis de renforcer les données sur la franchissabilité des obstacles amont, et sur le devenir et la survie des poissons sur le haut du bassin. Enfin, des saumons radiomarqués dotés également d'une marque archive (DST-tag), enregistrant en continu leur profondeur et leur température de vie, ont été relâchés majoritairement à Golfech afin de préciser l'incidence du facteur thermique sur les mortalités observées entre Golfech et Toulouse lors des suivis précédents. L'objectif relatif à l'emploi des marques DST n'a été que partiellement atteint du fait du faible effectif marqué. La lecture de la seule marque DST lisible récupérée a néanmoins permis de mieux connaître la position dans la colonne d'eau du poisson sur lequel elle avait été fixée, que ce soit en aval de Golfech, dans la retenue de Saint-Nicolas-de-la-Grave ou plus en amont dans la Garonne courante, ainsi que de confirmer la mort de l'animal consécutivement à une période prolongée (7 jours) à des températures maximales de plus de 24°C. De plus, une meilleure compréhension de l'impact des fortes températures a pu être obtenue grâce aux différents profils de température et d'oxygène dissous réalisés au cours de l'été, et indiquant l'absence de réels abris thermiques de Golfech à Toulouse, si ce n'est que très ponctuellement comme dans quelques zones profondes de la retenue ou, dans une moindre mesure, au droit de la confluence de certains affluents. A contrario, les objectifs relatifs à l'évaluation de la franchissabilité des ouvrages ont été pratiquement menés à terme en 2005. Bien qu'analysées sur une seule catégorie de population en raison des conditions hydro-climatiques particulières, les données sur le comportement des saumons au niveau des obstacles en amont de Golfech-Malause ont néanmoins corroboré en 2005 celles enregistrées lors des trois précédentes campagnes. Concernant le suivi en aval de Golfech, les premiers résultats obtenus par radiopistage sur la franchissabilité du seuil de Beauregard ont montré la perméabilité, à ce jour, de l'ouvrage à la migration du saumon du fait de sa dégradation partielle, et ce au moins dans la gamme de débits de 150 à 500 m3/s en Garonne. Par contre, avec un taux de transfert de 30% (3 sur 10) et une durée moyenne de blocage de 22 jours (médiane : 6.5 jours) pour les sujets ayant franchi ou 34 jours (médiane : 13 jours) pour ceux restés bloqués, la franchissabilité de l'aménagement de Golfech-Malause apparaît faible. L'analyse des déplacements de ces 10 saumons au pied de la centrale a permis de préciser certaines des causes probables du faible franchissement à ce niveau, à savoir : (1) une fréquentation majoritaire du côté gauche du canal de fuite, à l'opposé de l'ascenseur, (2) une faible attractivité du dispositif, les saumons ne fréquentant que peu l'entrée de l'ascenseur malgré de nombreuses incursions à proximité, (3) un passage difficile de l'entonnement installé en partie aval du bassin aval de l'ascenseur et (4) un manque de performance de cet entonnement qui ne joue que partiellement son rôle de système anti-retour. Cependant, ces résultats doivent être considérés avec prudence puisqu'ils ne portent que sur un nombre restreint d'individus, appartenant quasiment tous à la seule composante saumons de printemps' de la population. C'est pourquoi un nouveau suivi, destiné à poursuivre l'étude de la franchissabilité de l'aménagement de Golfech-Malause engagée en 2005, est envisagé pour 2006 afin de compléter, dans de nouvelles conditions environnementales, les observations sur le comportement, face à l'ouvrage, de toutes les catégories (saumons de printemps et castillons) de la population de saumons de Garonne.