Dispersion et persistance de la biodiversité dans la trame forestière (DISTRAFOR) - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Rapport (Rapport De Recherche) Année : 2013

Dispersal and persistance of biodiversity in forest patch networks (DISTRAFOR)

Dispersion et persistance de la biodiversité dans la trame forestière (DISTRAFOR)

Résumé

L’établissement d’un trame forestière permettant aux espèces de se déplacer et de migrer au sein des paysages suppose de connaître les espèces qui se dispersent mal et les configurations paysagères délétères. Le projet Distrafor a comparé les communautés de trois groupes taxonomiques dans des forêts anciennes et des forêts récentes, situées dans des contextes paysagers variés pour évaluer la capacité des espèces à coloniser les forêts récentes à partir des forêts anciennes voisines. Un premier volet du projet a étudié la réponse de la flore vasculaire forestière dans la moitié nord de la France, à travers une approche de modélisation de la niche et de métapopulation, appliquées à deux grandes bases de données floristiques (IFN, CBNBP). Un deuxième volet a exploré la réponse des coléoptères saproxyliques et de la faune du sol à l’ancienneté des boisements et à l’organisation du paysage, dans deux zones géographiques contrastées mais partageant des caractéristiques similaires en termes de couverture et de fragmentation forestières (régions Centre et Midi-Pyrénées). Une approche morphologique a également été menée sur un échantillon d’espèces de coléoptères saproxyliques. Un troisième et dernier volet a étudié si la recolonisation d’une forêt récente par la flore dépendait du fait que la forêt récente était en contact ou non avec un boisement ancien (en contrôlant la distance à la lisière ancienne), en suivant le même protocole répliqué dans le Centre et en Lorraine. L’analyse des cartes de forêt ancienne des régions Nord et Lorraine et du coeur du Bassin parisien a montré un accroissement forestier depuis 1830 de 20%, très variable selon les régions, et une importance de la forêt ancienne dans nos forêts actuelles (70%). Les forêts récentes sont généralement situées sur des sols plus riches, en lien avec leur passé agricole. Pour près d’une plante sur deux, la fréquence diffère entre forêts anciennes et forêts récentes et selon le couvert forestier. Comme les forêts récentes se situent surtout en marge des forêts anciennes, la fréquence de ces plantes varie du coeur vers la périphérie des forêts : les espèces de forêt ancienne sont aussi celles que l’on trouve préférentiellement au coeur des forêts, et inversement pour les espèces de forêt récente qui sont des espèces de lisière. Le mode de dispersion ne suffit pas à séparer les deux cortèges d’espèces. La colonisation d’un boisement récent dépend de la distance à la forêt ancienne, et elle est nettement supérieure si le bois récent est en contact direct avec une forêt ancienne. L’effet du couvert forestier est équivoque, il y a au moins autant de plantes dont la fréquence augmente avec la proportion de forêt dans le paysage que de plantes qui manifestent le patron opposé. Ces espèces répondent généralement de manière non linéaire au couvert forestier mais toutes les espèces semblent être présentes y compris là où le couvert est très bas. L’urbanisation joue un rôle dans la colonisation de la forêt récente mais il y a autant de plantes favorisées que défavorisées. Une majorité de plantes naturalisées sont avantagées par l’artificialisation des sols mais peu par la connectivité forestière. L’importance relative de la limitation par la dispersion ou par le recrutement semble dépendre des conditions de sol : en contexte acide, la distribution des plantes serait plus limitée par la nature des sols que par la connectivité, tandis que l’inverse prévaudrait en contexte plus riche. Les coléoptères saproxyliques comme carabiques ne manifestent de réponse significative à aucun des facteurs étudiés (qualité de l’habitat, ancienneté, connectivité) à l’échelle des communautés. Cela vaut également pour un groupe de petites espèces aptères vivant dans la litière. A l’échelle spécifique, certains de ces facteurs semblent jouer un rôle. Une explication au manque de réponse serait que la fragmentation favorise les individus plus dispersifs, ce qui compense les effets délétères de l’isolement. C’est le cas pour trois coléoptères saproxyliques qui présentent (au moins pour un sexe) une charge alaire plus faible dans les boisements récents. Mais d’autres espèces ne montrent pas ce patron, et certaines semblent même moins dispersives dans les forêts récentes. Parmi les facteurs étudiés, l’acidité du sol influence clairement la diversité et l’abondance des vers de terre, des gastéropodes, des myriapodes et des isopodes, ainsi que la surface du boisement et son ancienneté. Cependant l’effet de ces facteurs est idiosyncratique et positif ou négatif selon le taxa. Par ailleurs la diversité des assemblages semblent généralement appauvris dans les paysages les plus forestiers, un patron également mis en évidence pour une partie de la flore et des coléoptères. Nos résultats tempèrent donc l’importance de la connectivité forestière pour la biodiversité. Néanmoins pour les espèces et les groupes d’espèces aux capacités de dispersion limitées, le maintien voire l’accroissement de la connectivité, y compris dans les zones très agricoles ou urbaines, est important pour leur maintien. Pour accroître la taille des populations, l’accrétion forestière semble une meilleure stratégie que la nucléation mais nous n’avons pas formellement testé l’effet de pas japonais de ces petits boisements isolés.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02604809 , version 1 (16-05-2020)

Identifiants

Citer

Frédéric Archaux, Laurent Bergès, Christophe Bouget, Antoine Brin, Sandrine Chauchard, et al.. Dispersion et persistance de la biodiversité dans la trame forestière (DISTRAFOR). [Rapport de recherche] irstea. 2013, pp.237. ⟨hal-02604809⟩
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