Méthodes d'échantillonnage des coléoptères saproxyliques. Analyses complémentaires de performance des pièges-vitres et colorés - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Rapport Année : 2008

Sampling methods for saproxylic beetles - supplementary analyses of window flight traps and colored traps

Méthodes d'échantillonnage des coléoptères saproxyliques. Analyses complémentaires de performance des pièges-vitres et colorés

Christophe Bouget

Résumé

La définition d'une stratégie d'échantillonnage des coléoptères saproxyliques implique le choix (i) d'une technique d'échantillonnage, en vertu de critères tels que l'efficacité, la sélectivité, la reproductibilité, les contraintes logistiques, (ii) d'un type de piège, (iii) de la fenêtre temporelle d'échantillonnage, (iv) de répétitions annuelles, (v) du nombre d'unités d'échantillonnage par placette, (vi) de l'agencement spatial des unités d'échantillonnage sur chaque placette. Le volet (ii) a fait l'objet du rapport d'appui technique de la convention ONF-Cemagref 2006 et de 2 articles. Dans ce document, nous abordons le volet (i), à travers la comparaison sommaire du piège-vitre d'interception et du piège-seau coloré, et les volets (iii), (iv) et (v). Variations saisonnières du piège-vitre Nous avons étudié la contribution des saisons successives d'échantillonnage à l'estimation de la richesse spécifique globale, avec les questionnements sou-jacents suivants : y a-t-il convergence entre les sites ? Quel est le degré de complémentarité entre les périodes ? Quel serait l'effet sur l'évaluation de la biodiversité de la simplification temporelle du dispositif vers un piégeage discontinu ou un piégeage continu tronqué ? En fait, juin, puis mai, puis juillet capturent, en moyenne : -le nombre cumulé d'espèces le plus important, représentant respectivement 64%, 53% et 48% de la richesse spécifique observée, -le plus grand nombre d'espèces originales (= seulement dans cette période) ; les espèces capturées seulement en juin, mai et juillet représentent respectivement 20%, 15% et 11% de la richesse spécifique observée -le plus fort nombre d'espèces rares ; 50% à 60% du nombre annuel d'espèces rares ont ainsi été observés en juin, contre 20% à 30% en avril et moins de 10% en septembre, avril et septembre apportant donc très peu d'espèces rares originales. En d'autres termes, 1/5e des espèces capturées en juin n'est pas capturé lors des autres relevés et l'extension de la saison d'échantillonnage en avril au printemps, ou en septembre en automne, n'ajoute respectivement que 4% et 1% d'espèces supplémentaires. Pour une dizaine de jeux de données constitué de n périodes de piégeage, nous avons calculé la richesse spécifique apportée par toutes les combinaisons possibles de 2 à (n-1) périodes parmi n, et nous l'avons comparée avec le descripteur obtenu sur l'ensemble des saisons. L'objectif était d'identifier quelles sélections de périodes apportent l'image simplifiée mais la moins déformée possible de la richesse spécifique. Les meilleurs scores correspondent à un piégeage continu (et non à des périodes disjointes), centré sur la période d'activité maximale des Coléoptères saproxyliques (juin). 4 ou 5 campagnes n'apportent pas une contribution significative par rapport à 3 campagnes (96% de la RS totale pour avril-mai-juin-juillet contre 94% pour mai-juin-juillet), ce qui justifie par exemple le protocole mis en place dans le programme ONF-Cemagref GNB. Parmi les combinaisons de 3 campagnes, mai-juin-juillet est la meilleure combinaison en moyenne. Nous observons quelques divergences entre les meilleures combinaisons mesurées en plaine et en montagne, ce qui correspond à des phénologies d'activité décalées : juin est la campagne mensuelle la plus productive dans les 2 situations, mais juin.juillet.août est plus efficace en montagne alors que mai-juin-juillet est plus productive en plaine. Colliger davantage de jeux de données permettrait évidemment d'obtenir des résultats plus fiables concernant les effets de la latitude, de l'altitude, voire de l'essence dominante sur les combinaisons de périodes de piégeage les plus productives. Variabilité inter-annuelle du piège-vitre La variabilité inter-annuelle des populations de Coléoptères saproxyliques est associée aux variations métérorologiques ainsi qu'aux cycles de développement pluri-annuels d'un grand nombre d'espèces. Sur la base de 2 séries temporelles de 3 années seulement et peu de réplicats spatiaux, nous avons étudié cet effet « année », pour mesurer l'intérêt de répliquer un même dispositif plusieurs années consécutives. Les tendances majeures sont les suivantes : 50% de la RS est observée au terme d'une seule année d'échantillonnage sur 3 ; l'estimation de la RS est accrue de 50% en passant de 1 à 2 ans d'échantillonnage et presque doublée en passant de 1 à 3 ans ; seulement 12% à 16% des espèces ont été observées à chaque répétition annuelle. Nombre de piège-vitres par placette Nous avons abordé sommairement la contribution de 2 pièges élémentaires à la caractérisation de la richesse spécifique d'une placette. En moyenne sur les 60 placettes, un piège unique couvre 69.83% +/- 2.97% de la richesse cumulée et 60.8 +/- 5.6% du nombre d'espèces rares apportés par les 2 pièges. D'autre part, 63.6 +/- 6.1% des espèces présentes sur la placette sont observées dans 1 seul des 2 pièges de la placette. Un appel est lancé pour compiler des séries temporelles plus nombreuses et plus longues, et de plus nombreuses séries de paires de pièges, afin de conduire une analyse statistique plus approfondie. Performances des pièges colorés Un certain nombre de Coléoptères, dont les larves sont saproxyliques, ont des adultes floricoles. Un piège à coléoptères floricoles inspiré de la traditionnelle assiette colorée pourrait donc être une méthode complémentaire au piège-vitre d'interception pour échantillonner l'entomofaune saproxylique. Des pièges colorés, jaunes ou blancs, associant les stimuli visuels à des stimuli olfactifs par l'addition d'un attractif commun dans les fragrances florales, le benzyl-acétate, ont été utilisés pour comparer l'entomofaune floricole de différents types de forêts au Japon. Dans notre étude, nous avons employé des pièges-seaux colorés, moins sensibles aux dégâts de gibier que les assiettes, dans un plan d'échantillonnage équilibré croisant la couleur (blanc ou jaune) et un attractif chimique (benzylacétate ou non), et appariant pièges-seaux et pièges-vitres. L'effet de la couleur sur l'abondance des coléoptères n'est pas significatif. Certaines familles non saproxyliques sont plus abondantes dans les pièges jaunes ou blancs. La couleur du piège n'a pas d'influence sur l'abondance de certaines familles saproxyliques (Mordellidae, Buprestidae, Scolytidae, Elateridae), mais l'abondance de 2 groupes à larve xylophage et adulte floricole, Cerambycidae et Melyridae, est plus forte dans les pièges blancs. La composition spécifique et la richesse spécifique moyenne et cumulée des assemblages capturés dans les deux types de pièges n'est pas significativement dissemblable. D'autre part, les pièges amorcés capturent davantage de coléoptères que les pièges sans benzyl-acétate, mais de façon non significative et principalement en raison de la forte attraction des individus du genre Meligethes. Ce résultat pourrait avoir un intérêt en entomologie agricole. Les Melyridae, xylophages, sont plus nombreux dans les pièges non amorcés, ce résultat traduisant peut-être un effet répulsif du benzyl-acétate. La composition spécifique des assemblages capturés dans les deux types de pièges est dissemblable, mais la richesse spécifique moyenne et cumulée est comparable. Pour l'échantillonnage des Coléoptères saproxyliques, les pièges colorés apportent un faible effectif de Cérambycides, et un nombre plus important de Buprestides, de Nitidulides et de Melyrides. Par comparaison avec les pièges-vitres, les pièges colorés ont apporté plus de 3 espèces supplémentaires dans 40% des cas, et plus de 5 espèces supplémentaires dans 14% des sites seulement. Le nombre d'espèces communes aux 2 pièges et le nombre d'espèces strictement capturées par les pièges-vitres sont plus importants que le nombre d'espèces strictement capturées dans les pièges colorés.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02590697 , version 1 (15-05-2020)

Identifiants

Citer

Christophe Bouget. Méthodes d'échantillonnage des coléoptères saproxyliques. Analyses complémentaires de performance des pièges-vitres et colorés. irstea. 2008, pp.36. ⟨hal-02590697⟩
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